Carl Philipp Emanuel Bach:           Sonata A Major Wq. 55/4 (1765)

1 Allegro assai    2 Poco adagio   3 Allegro

Ludwig van Beethoven :                 Sonata D Minor Op. 31 Nr. 2 „Tempest“ (1802)

1 Largo – Allegro   2 Adagio   3 Allegretto

Bedrich Smetana:                             The Moldau, Nr. 2  from „Má vlast“, JB 1:112
arranged by H. von Kàan-Albést for Piano

Franz Schubert                                Sonata B-flat Major D 960 (1828)

1   Molto moderato   2 Andante sostenuto   3 Scherzo : allegro vivace con delicatezza      4   Allegro ma non troppo

Un pianiste viennois au Buisson

Pour son premier récital en France, le pianiste autrichien Christopher Hinterhuber a choisi de nous faire entendre, ce dimanche,  un programme de trois sonates composées entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle.

Ce fut tout d’abord la joyeuse et virevoltante sonate de Carl Philip Emanuel Bach en la majeur qu’il a interprétée avec une agilité époustouflante, tout en finesse et avec un certain sens de l’humour. Il a enchaîné ensuite avec  la fameuse sonate «  La Tempête » de Beethoven, dont on a pu dire qu’elle évoquait La Tempête de Shakespeare. Il a admirablement mis en valeur les violents contrastes de l’œuvre. Celle-ci débute par un lent et mystérieux récitatif alternant plusieurs fois avec un thème bondissant évoquant sans doute « l’énergie d’un jeune cheval » suivant l’expression même du compositeur. Après l’adagio, la sonate se termine par un obsédant mouvement perpétuel, tournoyant sans fin, qui demeure longtemps imprimé dans la tête des auditeurs.

Pour faire une surprise en direction du jeune public de l’école de musique du Buisson invité à suivre le concert, le pianiste n’a pas hésité à jouer ensuite, en toute simplicité, « La Lettre à Élise ». Ce véritable tube  musical, maintes fois ressassé par les débutants, nous est apparu étonnamment rafraîchi par l’interprétation sensible et juste qu’il en a donnée.

La deuxième partie du concert était entièrement consacrée à la dernière sonate de Franz Schubert en si bémol majeur, composée peu de temps avant sa mort. Comme souvent chez Schubert, la musique prend l’aspect d’une confidence personnelle. Ici, elle est imprégnée par une angoisse sous-jacente qu’évoquent les inquiétantes vibrations dans les graves du piano qui reviennent périodiquement. L’andante sostenuto, apparaît même comme très dépressif en contraste avec le scherzo plutôt badin qui le suit. Le pianiste a su nous tenir en haleine tout au long de cette œuvre complexe et magnifique, sachant traduire les incessants changements d’humeur et la profonde mélancolie du compositeur.

Longuement applaudi par un très nombreux public, Christopher Hinterhuber nous a gratifié en bis d’une œuvre de Schubert parmi les plus simples et les plus populaires, le Moment musical n°3 en fa mineur. Comme quoi, il n’y a pas que la virtuosité qui compte dans la qualité d’une interprétation.

CHRISTOPHE HINTERHUBER

« L’un des meilleurs et des plus fascinants enregistrements pour piano de l’année » a écrit le magazine allemand Fono Forum à propos de son enregistrement des Sonates et Rondos de Carl Philipp Emanuel Bach, suivi d’un « Choix de l’éditeur » par le célèbre magazine anglais Gramophone pour l’enregistrement de œuvres pour piano et orchestre de Hummel.

Un autre enregistrement qui lui a attiré l’attention internationale était l’enregistrement de tous les concertos pour piano de Ferdinand Ries avec le New Zealand Symphony Orchestra, le Royal Liverpool Philharmonic et d’autres orchestres.

Né en Autriche, Christopher Hinterhuber a étudié avec Alex Papenberg, Rudolf Kehrer, Lazar Berman, Avo Kouyoumdjian et Heinz Medjimorec à l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne et à l’Accademia « Incontri col Maestro » à Imola, en Italie, acquérant une contribution artistique supplémentaire de tels artistes comme Oleg Maisenberg et Vladimir Ashkenazy.
Il a remporté de nombreux prix et distinctions aux concours internationaux de piano de Leipzig (Bach), Sarrebruck (Bach), Pretoria (Unisa), Zurich (Geza Anda) et Vienne (Beethoven), entre autres.
En tant que «Rising Star» 2002/03, il s’est produit avec la violoniste Patricia Kopatchinskaja dans la série internationale au Carnegie Hall de New York et dans tous les centres musicaux importants d’Europe.
Ces dernières années, il a joué dans de grands festivals tels que le Schleswig-Holstein-Festival en Allemagne, Styriarte Graz, Carinthischer Sommer Ossiach, Mozartwoche à Salzbourg, Schubertiade Schwarzenberg, le Ruhr Piano Festival et l’Automne de Prague ; sous la direction de Vladimir Ashkenazy, Kirill Karabits, Jakub Hrusa, Bertrand de Billy, Sylvain Cambreling, Beat Furrer, Howard Griffiths, Yakov Kreizberg, Christian Arming, Adrian Leaper, Andrés Orozco Estrada, Dennis Russell Davies, Ari Rasilainen, Hubert Soudant, Alfred Eschwé et Bruno Weil ; avec l’Orchestre Symphonique de Vienne, l’Orchestre Symphonique de la Radio et le Klangforum de Vienne, le Vienna and
Zurich Chamber Orchestra, le MDR Orchestra Leipzig, le Royal Liverpool Philharmonic, le Bournemouth Symphony Orchestra, le New Japan Philharmonic, l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg, le Mozarteum Orchestra Salzburg et le New Zealand Symphony Orchestra entre autres.
Un projet spécial a été la prise de son (Schubert, Rachmaninov, Schönberg) et le tournage (ses mains) du film franco-autrichien « La pianiste » d’après un roman d’Elfriede Jelinek et réalisé par Michael Haneke, qui a reçu le Grand Prix de le Jury à Cannes en 2001.

Il joue fréquemment de la musique de chambre, par exemple en tant que pianiste du Altenberg Piano Trio basé à Vienne, qui a sa propre série au Musikverein de Vienne.
Il donne souvent des masterclasses au Japon, en Europe et en Amérique du Sud et est professeur de piano à l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne.